Par bonheur, il n’est pas de ces suiveurs dont l’attachement fait d’eux des esclaves plus ou moins déguisés. D’un héritage complexe s’est dégagée une vision ou l’inspiration personnelle a sa part.

C’est plutôt à travers un faire large de « plages » picturales étalées que le souvenir du Parc des Princes de Staël remonte à la surface, tout en considérant avec bienveillance les peintures de jan Meijer, germées pour la plupart en terres lointaines, Antilles ou Cyclades.

Et de même que d’autres grands nordiques ont transfiguré leur vision au contact de la découverte de la lumière méridionale, Jan Meijer découvre cette chape de plomb qui pèse sur les îles égéennes : la vieille civilisation rajeunit sous les pinceaux, et les idoles que le labour de l’araire exhume çà et là sont présentes sans être nullement figurées.

 

Une certaine mort rôde parmi ces plages de peinture grasse et la coupole bleue de nuit se fait noire tant celle-là charbonne d’étincelles micacées. Ici le noir est une couleur vibrante d’où se détache comme le bout de langue de feu du volcan Santorin. Chez ce peintre, il semble que le noir est presque une nécessité impliquant tout le reste, aspirant même en lui la mémoire la plus tiède de sa mère : pudeur de la souffrance et de l’amour filiale. L’hommage que le peintre rend à un autre peintre prématurément disparu il y a cinq ans, Pierre Dmitrienko, possède aussi la vigueur de la flamme qui se consume définitivement dans l’âtre noir.

En opposition, quelques toiles lumineuses, nées de la quiétude de l’atelier clair derrière quoi s’ouvre le champ labouré. Nous retrouvons le jour.

L’on veut croire que la générosité de Jan Meijer est en mesure de s’affranchir de tout voisinage extérieur en trouvant sa propre voie sans craindre d’apprivoiser scrupuleusement une réalité figurée du monde.